SITE NATUREL CLASSÉ DE LA GROTTE DE LA LUIRE
TRAGEDIE DE LA GROTTE DE LA LUIRE
Reprise du récit « souvenir des infirmières » de Melle ROMANA et Cécile GOLDET
La Grotte de la Luire fut le théâtre de l’une des plus terribles tragédies de la bataille de juin-juillet 1944.
21 juillet 1944, les Allemands envahissent le Vercors. L’hôpital du maquis, de Saint Martin en Vercors, repéré et mitraillé par l’aviation ennemie, est replié dans la Grotte de la Luire.
Tous les blessés sont brancardés la haut au flanc de la montagne. Le déménagement est exécuté en partie de nuit, dans le silence. Les blessés étouffent leurs plaintes malgré les secousses douloureuses.
L’hôpital entier est ainsi transporté avec le matériel sanitaire et le ravitaillement, les hommes sont installés sur des brancards à même le sol rocailleux. Il faut déplacer les pierres pour que leurs dos et membres ne souffrent pas, éviter le goutte à goutte de l’eau qui suinte un peu partout.
La vie dans la grotte n’est pas facile ils sont condamnés au silence et à l’obscurité tant bien que mal tout se passe dans l’ordre, dans l’espoir de tenir malgré tout.
27 juillet 44 : c’est la sieste tout le monde se repose, soudain une rafale de mitraillette toute proche, une patrouille allemande apparait à l’entrée de la grotte, 20 uniformes verts, mitraillettes braquées, se dressent prêts à tirer, au même moment quatre Polonais Allemand faits prisonniers, blessés et soignés dans la grotte interviennent « camarades ! Ne tirez pas ! Les Allemands hésitent, s’avancent « Terroristes » ! hurlent-ils d’un ton de haine terrible.
Après tous ces jours de silence, le désarroi ! Les hurlements des Allemands, les plaintes des blessés levés de leur brancard à coup de crosse, ils fouillent la grotte cherchant des armes, il n’y en avait pas, tous comptent sur la grande croix rouge placée à l’entrée de la grotte mais pour eux rien ne compte L’Officier SS crie en Français « nous n’avons pas de pitié ». Les blessés essayent de montrer des papiers mais inutile…. Toujours la même réponse, « vos papiers sont faux vous êtes des terroristes ! »
Les Allemands constituent deux groupes :
Le premier comprenant tous ceux qui peuvent marcher ainsi que les médecins ; et les infirmières, le deuxième groupe ne comprend que les grands blessés immobilisés sur leur brancard. Une infirmière reste avec eux, le premier groupe descend sur le village de Rousset et les membres sont enfermés dans une ferme abandonnée, les hommes au rez-de-chaussée, les femmes au 1er étage. Le deuxième groupe les rejoindra plus tard. La nuit est là et dans l’obscurité ils attendent avec angoisse le retour de leurs camarades restés là-haut dans la grotte avec les Allemands. Soudain vers 11 heures du soir la porte s’ouvre brusquement et l’infirmière qui était restée avec les blessés à la grotte est précipitée dans la pièce et, en sanglotant, raconte le sort affreux des malheureux blessés.
« Après votre départ, je m’occupais d’eux, laissant les Allemands fouiller partout, ils s’emparaient de nos réserves de ravitaillement, ils m’ont permis de distribuer un peu de nourriture , j’en ai profité largement, gardant encore tout espoir. Les Allemands ont descendu eux même les blessés où un camion devait les attendre sur la route, quand il y eut…. je ne sais quel contrordre, et tous furent transportés dans un champ en pente au dessous de la grotte. Les quelques-uns qui pouvaient se tenir debout entassés dans une charrette, les autres alignés sur les brancards les uns à côté des autres. A ce moment, ils m’ont emmenée j’ai à peine eu le temps de crier au revoir et j’ai eu peur de commencer à comprendre quand j’ai entendu une rafale de mitraillette suivie d’une autre. »
Le lendemain nous sommes de nouveau divisés : les médecins, les infirmières et les civils forment qu’un seul groupe nous devons être dirigés vers Grenoble, un camion attendait, seuls les blessés restaient, nous lançons de la nourriture par la fenêtre en leur faisant un signe d’au revoir. Ils ignoraient encore le sort réservé à leurs camarades de la grotte.
Nous avons traversé le Vercors dans le camion Allemand arrivé à Grenoble nous sommes internés médecins et infirmiers, pendant que les civiles étaient libérés devant la porte même de la prison.
Nous apprendrons plus tard que 14 grands blessés ont été tués à proximité de la grotte de la luire ; 10 blessés plus léger ont été tués à Rousset ;
7 infirmières ont été déportées à RAVENSBRÜK (une est décédée en captivité). Et 2 médecins et le Révérend Père ont été fusillés au Polygone à Grenoble.
Depuis le 20 mai 1946, le site a été classé au Patrimoine National.
Commémorer le 27 juillet 1944 c’est se rappeler à la mémoire de ces hommes et de ces femmes qui ont fait le sacrifice de leur vie, pour que les générations futures vivent dans un monde libre et en paix.
C’est leur rendre hommage et se souvenir de leur courage et de leur civisme, c’est aussi rendre hommage à tous ceux, à toutes celles qui sont morts pendant cette terrible période, fusillés, tués au combat, disparus, morts en déportation ou sous la torture.
Une stèle commémorative rappelle leur souvenir…
Le Site Naturel classé du Porche de la Grotte de La Luire est en accès libre.
La Grotte, spectaculaire, raconte plus d’un siècle de découvertes. Visite guidée d’une heure, payant.
Pour plus d’informations, cliquez ici.
HISTORIQUE DE LA STATION DU COL DE ROUSSET
RÉSERVE NATURELLE DES HAUTS PLATEAUX DU VERCORS
Le village de Saint Agnan en Vercors est une des portes d’entrée de la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux, par la Coche, le plateau de Beure…
Unique par sa taille de 17000 hectares, la Réserve des Hauts-Plateaux s’étend sur 10% du territoire du Parc Naturel Régional du Vercors. Elle est aujourd’hui la plus vaste réserve terrestre de France métropolitaine.
Comprise entre 1050 m et 2341 m d’altitude (avec le Grand Veymont en point culminant), elle subit des influences climatiques très contrastées, à la charnière entre les Préalpes du nord et celles du sud.
Une forte présence humaine saisonnière l’a façonné depuis la préhistoire. Et si le pastoralisme s’y pratique depuis plus de mille ans, l’activité de randonnée est désormais largement développée.
Aujourd’hui marquée par une alternance d’alpages et de forêts, la Réserve possède la plus grande forêt de pins à crochets des alpes calcaires et une flore riche de quelques 738 espèces. La vie animale est discrète mais foisonnante.
On peut observer la plupart des espèces montagnardes : marmotte, tétras-lyre, aigle royal, chamois… ainsi que des espèces plus rares comme le lagopède alpin, le lièvre variable, le loup, la chouette chevêchette ou la chouette de Tengmalm. Certaines espèces comme le bouquetin des Alpes, le vautour fauve, le gypaète barbu ou la marmotte ont fait l’objet de réintroductions au cours des dernières années.
